Certains théoriciens nocturnes voient la surpopulation comme la cause de tous les problèmes de la planète.
Ils assurent avec force raisonnements que, si nous étions quelques milliards de moins, nous n’en serions que plus heureux, et la Terre s’en porterait bien mieux.
Voici quelques-uns de leurs arguments.
Note : si vous êtes pressés, que vous avez les yeux fatigués et que mon article est trop long à votre goût, je vous propose d’accéder directement à mon résumé en bas d’article. C’est un résumé, donc, si vous souhaitez un raisonnement de qualité, va falloir lire le reste 😉
Pourquoi sommes-nous trop nombreux sur Terre
1) Nous surexploitons les ressources de la planète, et ça va empirer. On nous parle beaucoup de l’eau ou du pétrole, mais c’est oublier que les secteurs du bâtiment et de l’électronique épuisent des matériaux rares (voir notamment la guerre du sable). Comme on est de plus nombreux et qu’on est de plus en plus accros aux nouvelles technologies, devinez ce qui va se passer 🙂
2) Les guerres. La faible disponibilité de ressources pour tant de monde rend celles-ci si précieuses que les conflits deviennent inévitables. S’il y en avait largement assez pour tout le monde, et qu’elles étaient faciles d’accès, le monde irait sûrement (un tout petit peu) mieux.
3) La misanthropie. Il semblerait que la densité d’humains en un même endroit soit inversement proportionnelle à la considération dont chaque individu fait l’objet. Autrement dit : plus il y a de gens, moins vous n’intéressez les autres, et plus vous les emmerdez parce que vous leur bouffez l’oxygène (exemple : les colocs, les concurrents, les autres usagers du métro, les types devant vous aux files d’attente). Bonjour la compétition, au revoir la compassion.
4) La perte de sens du monde. Les gens ont besoin de se battre pour trouver leur place dans une société où on fait moins attention à eux, où on leur fait miroiter la possibilité du succès social, et où on les encourage à se dépasser (merci le capitalisme et Disney). Jacques Rapière (auteur du Plaidoyer du Mounoc, ou pourquoi la civilisation humaine s’est plantée) avance que la surpopulation est indirectement liée à la surenchère de métiers débiles, inutiles voire néfastes (les bullshit jobs), et d’entreprises qui tentent de faire croire qu’elles sont indispensables quand elles ne le sont pas (par exemple, des plateformes de réservation de places de parking).
Et puis il y a ceux qui ne se sentent pas à leur place : chômeurs, marginaux, artistes incompris, dépressifs, tous ceux qui détestent leur job ; et les autres.
5) Trop de population conduit à trop de pollution. Une personne qui gaspille et jette des ordures par terre, passe encore ; mais plusieurs milliards, ça ne va plus.
6) La salubrité politique en pâtit. Conséquence indirecte de cet excès de population : des pays très peuplés, des États centralisés, et donc un écart immense entre les gouvernants et les gouvernés qui n’ont plus de contact direct entre eux. Résultat : un fossé d’incompréhension entre une oligarchie pourrie de l’intérieur d’un côté, et les complotistes paranoïaques de l’autre.
7) Nos villes grignotent sur notre environnement (et les terrains agricoles). D’autant que plein de gens se sont mis en tête d’avoir leur maison à eux. Sans parler du logement secondaire.
8) Risque de pandémie accru… Mais vous avez dû en entendre parler, je pense.
Liste non exhaustive, bien entendu.
Cette théorie sur la population « mère de tous les maux » ne fait pas l’unanimité. D’autres penseurs rappellent que neuf milliards de personnes vivant sous le seuil de pauvreté seraient moins gourmandes en énergie qu’un milliard d’États-uniens de classe moyenne. Cependant, certains problèmes subsisteraient : hygiène, perte de l’individualité et surexploitation des sols.
Comment combattre la surpopulation
Donc, selon ces philosophes nocturnes, nous sommes trop nombreux sur Terre. La question est : comment y remédier.
Globalement, il existe trois options : l’exode, la décimation et le contrôle des naissances.
1) L’exode
Il s’agirait d’envoyer le trop-plein d’humains sur d’autres territoires encore inhabités, après les avoir terraformés : sous la mer, en Antarctique, ou sur d’autres planètes par exemple.
Cette solution présente trois inconvénients.
Premièrement, le temps de développer technologiquement le voyage interstellaire, la situation aura largement eu le temps de s’aggraver. Et ne parlons pas des colonies sous-marines.
Deuxièmement, dans le cas où l’urgence serait telle qu’une poignée de personnes seulement aurait la possibilité de quitter la planète, n’allez pas croire que les simples gens comme nous serons les heureux élus. Les milliardaires et les ingénieurs ayant un bon réseau à la Nasa seront choisis, et à la rigueur les boulangers de ces derniers.
Deuxièmement, créer des colonies en des contrées inexplorées ne ferait qu’exporter le problème. Les nouveaux foyers seraient peut-être, dans un premier temps, des utopies cherchant à repartir à zéro. Mais le gaspillage, le capitalisme, le tourisme, le marketing, la criminalité, le racisme reprendraient leurs droits.
Pour que cette solution soit efficace, il faut d’abord changer l’Homme. Et ce n’est pas gagné. C’est d’ailleurs l’un des leitmotivs de la religion shadoniste, qui explique que la Planète promise ne sera accessible à l’humanité que lorsque celle-ci sera prête (c’est pour cette même raison qu’on soupçonne des fanatiques shados d’avoir saboté la mission Arès II).
2) La décimation
Cette solution à la surpopulation doit être évoquée, ne serait-ce que pour être mieux rejetée.
Elle consiste ni plus ni moins à supprimer une partie de la population, pour laisser plus de place aux autres (la méthode « Thanos »). En théorie, rien de plus simple, et rien de plus efficace.
Seulement, voilà.
Non seulement ça ne fera que reculer le problème (cf. la méthode de l’exode), mais l’humanité en sortira avilie. Baser la survie de l’espèce sur l’extermination de nos semblables pose la question suivante : ce n’est pas tout de survivre, il s’agit de mériter de survivre (thématique que l’on retrouve dans la série Battlestar Galactica).
D’ailleurs, d’autres problèmes se soulèveraient :
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qui choisirait-on d’éliminer ? Les vieux ? Les inutiles ? Mais qui est inutile ? Les « gens comme moi »… ou vous ?
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les guerres se multiplieraient, et c’est que ça pollue, une guerre ; le problème se poserait à la puissance dix ;
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d’autres ont essayé de réduire la population par la méthode forte, et ça n’a pas tellement marché. Pendant la seconde Guerre mondiale, l’armée japonaise a massacré des millions de Chinois, pour ne pas mentionner Hitler. Or, aujourd’hui, nous sommes plus nombreux que jamais.
Et cætera. Donc, non, nous entre-tuer au nom de l’espace vital n’est pas une solution.
Fun fact : environ 60 millions de personnes sont mortes pendant la seconde Guerre mondiale, et l’humanité gagne 83 millions d’habitants par an. Donc même un conflit mondial de cette ampleur par an ne suffirait pas à stabiliser la population. Si, malgré ça, vous êtes toujours partants pour le plan « décimation », c’est que vous êtes des psychopathes.
Petit point sur les catastrophes meurtrières « naturelles »
À défaut de réduire sciemment la population, on peut toujours espérer qu’une pandémie le fera pour nous, n’est-ce pas ? Comme ça, on sera sauvés et on aura la conscience tranquille. Las ! Comme l’explique bien cet article d’Henri Leridon, l’excédent annuel de la population est de 83 millions de personnes. Ce qui veut dire que chaque année, il y a 83 millions d’humains en plus que l’année précédente. Si vous souhaitez inverser la tendance, il faudra autre chose qu’un Covid-19…
3) Le contrôle des naissances
Solution plus à long terme, elle semble pourtant la plus sage et la plus humaine. Rien n’empêche d’ailleurs de la compléter par des comportements à court terme, comme la chasse au gaspillage, l’encouragement aux achats d’occasion ou le développement d’autres systèmes politiques.
Il s’agirait de partir du principe suivant : avant de donner la vie à de nouvelles personnes, il faut améliorer la vie de celles qui existent déjà (ça marcherait également avec des animaux, c’est-à-dire adopter ceux qui dépérissent à la fourrière plutôt qu’encourager le commerce animalier).
Non à la fécondation in-vitro, oui à l’adoption des orphelins, réduire les aides aux familles nombreuses, et expliquer que la phrase « ils furent heureux et eurent beaucoup d’enfants » n’est plus d’actualité (pour ne pas dire qu’elle est complètement débile).
Cette solution implique que chacun fasse des sacrifices, et elle nous apprend à être responsables. C’est du moins l’opinion de plusieurs grands philosophes nocturnes et même solaires.
Et vous, qu’en pensez-vous ? D’accord ou pas d’accord ?
En résumé
- On est trop nombreux sur cette putain de planète. Il faut donc trouver une solution.
- Solution n°1 : fuir vers une autre planète. Mauvaise idée. On ne fera que reproduire les errements passés.
- Solution n°2 : exterminer une partie de la population ou laisser une pandémie faire le travail. 1) Pas très éthique (c’est un euphémisme). 2) Vu le massacre de la seconde Guerre mondiale et le Baby-Boom qui a suivi, les résultats sont discutables. Il faudrait beaucoup, beaucoup de morts pour un vrai résultat, et je soupçonne qu’aucune personne équilibrée n’est prête à mettre la main à la pâte dans une sérieuse décimation de l’humanité (à savoir zigouiller un type sur dix).
- Solution n°3 : mûrir, faire moins d’enfants. Plus axée sur le long terme. Mais éthique, responsable et correspond à un vrai changement dans nos mentalités.
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