Vous êtes peut-être comme moi : en plein cœur de l’hiver, vous pensez déjà aux randonnées que vous allez faire ce printemps.
(Passons sur le fait qu’en janvier il fait presque aussi chaud qu’un mois de printemps normal, parfois plus. Perso, je préfère attendre car les nuits sont fraîches, a fortiori à la campagne, et beaucoup d’hébergements sont fermés en cette saison, vous obligeant à camper à des températures basses… sans parler qu’on est plus près du solstice d’hiver que celui d’été, et que les nuits sont encore longues.)
Breeeeef : si vous aussi vous aimez les randos, et que vous n’êtes pas ce genre de marcheur aguerri qui a fait le chemin de Saint-Jacques d’une traite avec des ninjas aux trousses, vous avez peut-être encore peur de commettre l’erreur qui vous gâchera votre expédition.
Notez que je donne des conseils mais que je ne suis pas un expert. Je n’ai fait que deux randos plus longues qu’une journée. La plus longue fut de quatre jours glorieux mais épuisants (un peu plus de la moitié de la Via Garona ou GR 861). Donc, me direz-vous, loin d’être le marcheur aguerri poursuivi par des ninjas. Mais voilà : comme j’ai commis pas mal de bourdes, et que j’ai failli en commettre d’autres, et que j’ai l’esprit d’analyse et que j’ai appris tout un tas de trucs, j’ai pas mal de tips à partager avec vous.
Alors go !
L’eau, c’est la vie
Une évidence ?
Oui, mais : avez-vous suffisamment d’eau ? Prenez-vous le temps de remplir votre gourde ?
Le drame de la bouteille vide
Croyez-moi, c’est le genre de trucs qu’on a tendance à sous-estimer, surtout lorsqu’on se trouve en rase campagne pendant toute la journée, et qu’il fait plus chaud que prévu.
Et le souci, c’est que l’eau ça pèse… sauf lorsque la bouteille est vide bien sûr, mais ça ne veut surtout pas dire que ce soit une bonne chose lorsque ça arrive !
On conseille d’avoir au minimum un litre et demi, voire deux. Et attention ! Ça ne veut pas dire que ce sera suffisant pour la journée !! D’expérience (de chaudes journées vers la mi-mai, température ressentie autour de 30°C au plus fort de l’après-midi), ça vous suffira jusqu’au prochain point de réapprovisionnement.
Et je vous conseille de vous réapprovisionner dès que vous en avez l’occasion. Même si votre bouteille est aux trois quarts pleines. Car c’est lorsqu’elle sera pratiquement vide que vous vous apercevrez combien un ridicule décilitre fait la différence…
NB : vous avez peut-être remarqué que je parle tantôt de gourde ou de bouteille. L’idéal selon moi est une bouteille en inox. Le plastique donne un goût dégueulasse par temps de chaleur, ça vous fout des molécules de plastoc dans le corps et au bout d’un moment il faut la jeter (= mauvais pour la planète) ; l’aluminium a tendance à s’oxyder et ça non plus n’est pas très bon. Une housse isotherme pour éviter que l’eau ne tiédisse trop vite, et vous êtes parés !
Se réapprovisionner, oui, mais où ?
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Si vous suivez un chemin de randonnée fréquenté, n’hésitez pas à vous procurer un guide (pour ma part, je l’ai emprunté à la bibliothèque, ça suffit). Vous y trouverez notamment les points d’eau disponibles dans certaines communes que vous traverserez ;
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Songez que, y compris à la campagne, beaucoup de cimetières disposent d’un coin d’eau potable. Ce détail a fait toute la différence pour moi… ;
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Repérez les infrastructures qui disposent fréquemment de points d’eaux (souvent dans les toilettes) : à ce titre, les centres commerciaux constituent un bon plan. En revanche, les gares en milieu rural n’ont souvent rien à ce niveau ;
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En cas de nécessité, ou si vous êtes du genre sociable (= moi pas), vous pouvez demander aux gens du coin (commerces, voire particuliers).
Le soleil est votre allié… et votre ennemi
Difficile de marcher en pleine campagne dans le noir, hein ? Notez que certains investissent dans des lampes frontales…
En tout cas, le soleil est l’un des facteurs que vous devez prendre en compte lorsque vous organisez votre journée. C’est-à-dire de ne pas vous lever trop tôt… ni trop tard.
Trop tôt, ça impliquerait de vous lever alors qu’il fait encore nuit. Et rien que pour démonter la tente à l’aveuglette, c’est mal barré. Et ensuite, il faut marcher sans vous fouler la cheville…
Trop tard, ça veut dire que vous pouvez vous retrouver à marcher au beau milieu de l’après-midi pour finir le tronçon. Et ça, en été, ou même par une chaude journée de printemps (fuck le dérèglement climatique), c’est hard-core.
Finalement, je me suis résolu à mettre mon réveil à 6h du matin, pour un départ à 7h… ce qui, pour un lève-tard comme moi, relève d’une torture sophistiquée. Mais c’est ça, ou le cagnard à 14h.
Vous vous dites : oui, mais je peux faire une pause entre 13h et 16h, le temps que ça se tasse. Certes… encore faut-il vous trouver un coin à l’ombre, et il y a des jours où, à 17h, il fera encore trop chaud… (Écoutez celui qui s’en est pris pas la gueule.)
Donc, pas moyen : s’il fait chaud l’après-m’, vous vous levez archi-tôt. Si moi je l’ai fait, vous pouvez le faire aussi.
Le sac ne doit pas trop peser
Chargé ou pas chargé, là est la question
Ha, ha ! Là on passe à l’un des points les plus développés sur les blogs de voyage ou de rando sur lesquels je suis tombé.
Votre sac doit être suffisamment fourni pour parer à toutes éventualités : pluie, blessure, froid, etc. Mais s’il est trop lourd, vous allez vous péter le dos, c’est moi qui vous le dis (et pas que moi, en fait).
Ce que j’ai pu lire, c’est que le sac ne doit pas dépasser le cinquième ou le huitième de votre poids… oui, les avis divergent. Idéalement. Car tous les randonneurs s’accordent sur le fait que la règle du huitième soit loin d’être simple à appliquer. Et celle du cinquième : selon moi, c’est déjà trop lourd.
Perso, pour un poids de 60 kilos, je vise les 9 kilos au total chargé à bloc (avec bouffe, bouteilles d’eau pleines, etc.). Dans les faits, rester en dessous des 10 kilos demande un véritable effort d’organisation…
L’art du grand tri
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les magasins de sport (Décathlon par exemple) proposent pas mal de matos de rando. Vous pouvez acheter du matériel léger, compact, de qualité… en payant plus cher, évidemment. Ceci dit, si vous comptez survivre, ça peut devenir indispensable. Par exemple : une serviette à micro-fibres (qui a notamment l’avantage de sécher plus vite), ou une tente ultra-légère. NB : Décathlon propose un service de prêt de matériel, ce qui vous revient moins cher, mais je n’ai pas testé (pas ultra pratique car il faut commander longtemps à l’avance) ;
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Avant de partir, pesez votre sac, et pesez encore jusqu’à ce que mort s’ensuive. Le moindre gramme a son importance… surtout s’il cumule avec d’autres grammes :
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Votre portefeuille ? Ça vire : ne gardez que le nécessaire (CB, quelques billets au cas où, carte vitale et ce genre de trucs) ;
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les emballages inutiles ? Ça vire ;
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les fringues et sous-vêtements ? Prévoyez pour 2 jours, 3 au max. Si besoin, vous laverez au fur et à mesure et vous accrochez le linge mouillé au dos de votre sac, face au soleil, avec des épingles à linge ;
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vous avez prévu un gros bouquin pour les soirées ? Oubliez : un court et compact sera tout aussi bien : perso j’ai lu un paragraphe en 4 jours. J’étais trop claqué pour en lire davantage ;
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si vous aimez prévoir les mauvaises surprises dans le genre “pantalon qui craque”, mieux vaut apporter une aiguille à coudre qu’un jean en rab… Et Décathlon propose de chouettes pantalons de rando dont vous pouvez dézipper les jambes pour survivre aux grosses chaleurs (non, je n’ai pas été sponsorisé par Décath’, rassurez-vous) ;
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Payez en CB quand vous le pouvez ! Une évidence pour beaucoup d’entre vous, mais pas pour moi qui préfère payer en liquide (histoire que ces p*****s de banques ne touchent pas de commission). Seulement, voilà : qui dit payer en espèces, dit avoir de la monnaie, et les pièces de 2€ ça pèse son poids… ;
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Emportez des quantités sur mesure. Vous partez trois jours ? Prévoyons quatre par sécurité : en tout cas, aucun besoin d’un tube de dentifrice neuf, ou d’un savon entier ;
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Pratiquer plus de sport ou de la muscu le reste de l’année ? Perso, j’ai la flemme, mais ça reste une option envisageable (en prenant en compte qu’avoir un beau corps d’athlète ne se fait pas en un clin d’œil) ;
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Pour vous alléger le dos, vous pouvez porter quelques trucs dans les poches de votre pantalon. Je me suis même retrouvé à suspendre des chaussettes en train de sécher à mon pantalon. Mais ça ne sera qu’une solution de pis-aller.
Sinon, n’oubliez pas de faire régulièrement des pauses pour reposer votre dos et vos pieds. Voire profiter du paysage. Et les étirements, ça fait du bien.
Votre smartphone est votre joker
Oui, on sait, on sait. Vous aimez la rando pour déconnecter, vous n’avez pas envie de passer votre temps sur votre portable. Et vous avez bien raison.
Seulement, on parlait du compact un peu plus haut ; et, en termes de compact, un smartphone est idéal : il fait lampe de poche, boussole (en mode Google Maps), horloge, réveil, vous permet d’acheter votre billet de train pour le retour, de vérifier la disponibilité des hébergements sur Internet, et d’appeler les secours le cas échéant…
Bref, il peut vous sauver la mise. Et pour ça, il vaut mieux que la batterie soit chargée.
Du coup, c’est comme pour les bouteilles d’eau : pensez à le recharger dès que vous en avez l’opportunité.
Soignez vos pieds, ce sont eux qui vous mèneront à bon port
Très clairement, si vous avez mal aux pieds, votre rando se terminera rapidement en séance de torture.
Alors quelques conseils :
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Acheter des chaussures de rando ou utiliser vos bons vieux tennis ? Vos tennis sont beaucoup plus confortables MAIS les chaussures de rando sont tout-terrain : pluie, sol rocailleux (enfin, si vous avez acheté de la qualité). Pensez à prendre une taille au-dessus (par exemple du 44 si vous chaussez habituellement du 43) et habituer vos pieds à ces nouvelles chaussures avant le grand départ ;
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N’hésitez pas à faire des pauses de temps en temps. Si vous suivez mon conseil et que vous partez assez tôt, et que vous ne marchez pas pendant 9h (!!), vous avez le temps. Posez-vous sur une pierre, et aérez vos pieds. Ça réduira notamment le risque d’ampoules (qui se forment notamment avec l’humidité). Et vous en profiterez pour reposer votre dos… ;
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Des ampoules ? Ne les crevez pas : elles sont là pour vous protéger. Par contre vous pouvez les recouvrir d’un pansement pour éviter les frottements. Le pansement est surtout important une fois qu’elles auront crevé toutes seules.
Manger aussi c’est important
La bouffe, c’est comme l’eau : ne vous laissez pas prendre au dépourvu. Planifiez : petit-déjeuner, repas de midi, dîner, et les en-cas. La rando consomme beaucoup d’énergie ; voire vraiment beaucoup lorsque vous avez un sac lourd sur les épaules, que vous marchez pendant 7h, que vous gravissez des pentes raides et que la météo n’y met pas du sien.
Donc, planifiez mais n’achetez pas forcément tout en avance si vous êtes sûrs de trouver de quoi avant que le besoin ne se fasse pressant. Dans un village de vingt maisons c’est risqué, mais une commune moyenne, ça se tente en fonction des horaires (matinée ou milieu d’après-midi).
C’est l’avantage d’avoir un guide pratique pour votre chemin de randonnée, car la présence ou non de commerces est précisément le genre d’infos que vous pouvez trouver.
Problème si vous achetez votre bouffe le matin pour le soir :
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ça pèse son poids ;
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la salade de thon en plein soleil ou le sandwich qui ramollit en période de chaleur, bof bof…
Pour ce qui est des en-cas : j’ai un faible pour les boîtes de Granola au chocolat. C’est bourré de sucre (deux Granola, ça vous requinque en moins de deux), c’est super bon et pas trop lourd. On m’a aussi recommandé des barres vitaminées… pas mauvais, plutôt efficace mais je maintiens ma préférence pour les Granola.
Besoin de faire un gros caca ?
Quoi, c’est dégueu ? Il n’y a pas de tabou quand il s’agit de survie et d’hygiène.
Alors là, il y a plusieurs écoles. Je n’ai pas testé pour ma part mais, en matière d’hygiène et d’écologie, il y a matière à débat.
Certains font caca dans un sac poubelle qu’ils jettent plus tard. Dégueu… Mais pas forcément une mauvaise option… ni la plus dégueu, en fin de compte.
Beaucoup parlent de faire un petit trou (à l’écart des chemins SVP), chier dedans, et reboucher. Sauf que ça se décompose beaucoup plus lentement.
L’autre solution consiste au contraire à ÉTALER – si, j’vous jure ! C’est dégueu et pas du tout hygiénique, mais votre merde se décompose beaucoup plus vite !
Pour les détails, je vous laisse faire vos propres recherches sur Internet. Certains ont longuement développé le sujet.
Bon, si vous n’êtes pas un gros chieur, le mieux c’est de vous retenir et d’attendre un lieu civilisé, quoi.
Tout le reste
Il y a plein de petits trucs que l’on apprend sur le tas. Les sacs poubelles pour vos détritus (voire vos selles, en fonction de comment vous gérez cet aspect-là), la fierté de puer la transpiration (mais pas trop) et de porter des fringues moches, usées et sacrifiables, et idéalement claires (plus pratique pour vous faire repérer au bord des routes en pleine nuit), vous entraîner à de courtes randos plusieurs semaines avant le grand départ, l’incontournable crème solaire bien entendu…
Profitez-en quand même
Alors, vous l’avez compris, soit par vous-même, soit en lisant cet article : gérer une rando c’est compliqué et ça peut vite tourner au cauchemar. Et du coup, à vouloir anticiper les tuiles, on risque de se prendre trop la tête… et de ne pas en profiter. Ce qui serait dommage, quand même.
N’oubliez pas que, lorsqu’on manque d’expérience, il est quasi impossible de penser à tout. L’important, c’est de voir ce qu’on a mal fait et s’adapter. Les conseils que je vous donne, ce sont souvent des détails que j’ai sous-estimés au départ. Autrement dit, j’ai survécu en m’y prenant comme un pied.
Bref, vous parcourrez de belles régions en pleine nature (enfin, pas que… Parce que de Portet-sur-Garonne à Muret, bof bof…), alors carpe diem. Et, pour cela :
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levez-vous tôt, pour partir tôt. En été, marcher en pleine fraîcheur, il n’y a que ça de vrai. Et puis, vous aurez plus de temps pour arriver à destination, donc moins de stress pour trouver un gîte, un resto… ;
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faites de petites étapes : le guide de la Via Garona que j’ai emprunté à la biblio, concocté par des pros de la FFRandonnée, est très bien fait. Il propose des étapes assez courtes – dont une journée de marche inférieure à 5 heures – car accumuler les journées de 8 heures, c’est usant… Là aussi, je sais de quoi je parle ;
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Je vous parle de guide, certes, mais ne vous tenez pas uniquement au plan. Si vous gérez bien votre journée, vous aurez amplement le temps d’arriver à destination, faire des pauses… voire faire de brefs détours pour admirer le paysage. Et si vous vous perdez, ça sera moins grave ;
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Si vous avez d’autres projets pour vos vacances, il est mieux de ne rien prévoir immédiatement après. Laissez-vous quelques jours de repos. En cas d’épuisement ou de retard sur votre parcours, vous n’aurez pas à stresser pour votre planning en plus de tout le reste.
Bref, ne vous mettez pas trop la pression. On parle de sentiers battus, là, pas des steppes mongoles ou de l’Himalaya. Au pire, il y a toujours moyen de faire de l’auto-stop ou de tomber sur une gare SNCF.
Prenez votre temps.
Imaginez le plaisir de marcher sans avoir à regarder votre montre toutes les 5 minutes, sans crever de faim ou de soif ou de froid ou de chaud. Rien que ça devrait vous rendre fier.
Dites-vous bien que si vous tenez le coup même pour un ou deux jours seulement, ce n’est pas rien. Bien sûr, si avant votre départ vous criez à tout le monde que vous allez faire cet itinéraire d’une traite, que vous vendez la peau de l’ours avant de l’avoir tué, vous allez vous mettre la pression tout seul.
Pour résumer : anticiper, s’adapter, profiter. Tiens, ça pourrait devenir un slogan, ça.
Si vous avez expérimenté la randonnée, n’hésitez pas à donner votre avis ou refiler vos propres conseils en commentaire, j’en oublie sûrement !! 🙂
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