Volontariat à l’étranger

Vous aussi, vous adorez voyager ? Seulement, vous en avez assez du tourisme bête et méchant, et vous désirez rencontrer les locaux ? Le volontariat à l’étranger est sans doute fait pour vous… mais attention à éviter quelques pièges.

 

Constat : le volontariat comme prétexte à l’industrie touristique

Comme beaucoup de bonnes idées de la société solaire, le volontariat à l’étranger a été honteusement récupéré par le capitalisme.

Notez que je ne suis pas communiste pour un sou. Tel tout Nocturne qui se respecte, je me méfie comme de la peste de toute catégorisation politique. Cependant, les faits sont là. Je souhaite voyager en m’éloignant de la logique touristique, en me rendant un peu utile pour les populations locales. Je cherche sur Internet. Là, je découvre des offres d’organismes “à but non lucratif” qui vous proposent d’aider une école subsaharienne pendant deux semaines, pour une somme dépassant les 1500€. Il va de soi que le transport en avion est à votre charge.

Il s’agit, ni plus ni moins, de tourisme humanitaire. On découvre du pays tout en se donnant bonne conscience. Le fait de dépenser beaucoup aide peut-être à se sentir mieux, sans qu’on sache réellement où va l’argent.

 

Alternatives de volontariat (plus honnêtes)

Et puis, en cherchant bien, j’ai trouvé.

Certains sites proposent, pour une somme modique, de contacter directement des locaux (familles, auberges de jeunesse, associations, éleveurs, etc.) cherchant un volontaire pour des tâches assez diverses – dans les faits, la plupart du temps, ça tourne autour du jardinage, du baby-sitting, de l’entretien d’une maisonnée ou d’animaux.

Vous entrez en contact avec ces personnes et, si elles sont intéressées par votre profil, vous pouvez vous mettre d’accord sur le temps que vous resterez chez elles. Vous serez logés et, la plupart du temps, nourris et blanchis gratuitement. On ne vous paie pas (sauf exception) mais vous rencontrez les populations locales au plus près puisque vous cohabitez avec elles pour un temps, vous développez des compétences diverses – jardinage, gardiennage d’animaux, langues, bricolage, etc.

Et pour beaucoup moins que 1500€.

Dans le temps, je me suis informé sur plusieurs sites : workaway.info, helpx.net, etc. Sans oublier WWOOF, ou encore les expériences au pair.

Mon choix s’est porté sur Workaway.info. Il est certes plus cher que les autres sites (32€ par an à l’époque), mais bien plus complet, ergonomique ; de plus, les hôtes qui y sont inscrits s’avèrent beaucoup plus nombreux, et les offres sont très variées.

 

Retour d’expérience

J’ai voyagé pendant trois mois avec Workaway. Je suis resté chez trois hôtes distincts, respectivement en Angleterre, en Irlande et en Écosse.

Un compte rendu exhaustif serait long et fastidieux. Alors faisons court :

1) Volontariat au Devon, Angleterre.

Un mois et demi à vivre avec deux Anglais pure souche, leurs deux lévriers irlandais et leurs deux chats.

Tâches : entretien du potager, désherbage, préparation du repas des chiens, ainsi que quelques tâches domestiques.

Verdict : dès le début, on m’a fait comprendre que je faisais partie de la famille. Mes hôtes m’ont emmené aux événements locaux, j’ai découvert leur cercle d’amis. Vivre dans une maison en pleine campagne fait parfois regretter le dynamisme de la ville, mais cette région possède un charme incontestable.

Paysage en Irlande
Le Sud-Ouest de l’Irlande, c’est ça : des paysages à couper le souffle, tous les jours.

2) Volontariat près de Ballinskelligs, Irlande.

Environ quinze jours ; pour la majeure partie de cette période, j’étais seul avec les deux chiens, le chat et ces satanées poules qui chiaient partout 😉

Tâches : nourrir les animaux, jouer avec les chiens, jardiner. Je me suis également un peu occupé des enfants lorsque la famille était à la maison.

Verdict : je reste impressionné par la marque de confiance dont a fait preuve la famille – adorable au demeurant – en me laissant tout seul avec leurs animaux et leurs biens. Cette responsabilité était à la fois exaltante et stressante ; aujourd’hui, j’en garde d’excellents souvenirs. J’ai rarement vu de paysages aussi fascinants. Note : il est préférable d’avoir un véhicule en état de marche dans cette partie du monde, sans quoi vous vous retrouvez complètement isolés. Savoir regonfler un vélo peut vous sauver la vie.

3) Volontariat près de Carlisle, au Sud de l’Écosse.

Deux courtes semaines avec une retraitée indépendantiste.

Tâches : essentiellement jardinage et entretien du potager. Quelques tâches domestiques.

Verdict : l’accueil n’a pas été aussi chaleureux qu’ailleurs (mon hôte avait une personnalité assez froide), cependant je me rappelle de bonnes conversations, et j’ai beaucoup appris sur la culture locale. La météo était assez pourrie, il faisait froid à la mi-septembre ; mais bon c’est l’Écosse.

 

Conclusion

Si vous aimez voyager, que vos ressources sont limitées, que vous recherchez des relations humaines, que vous en avez assez de juste prendre des photos avant de remonter dans l’avion : le volontariat à l’étranger est ce qu’il vous faut.

Vous trouverez plein de sites intéressants en la matière (et plein d’arnaques touristiques, mais bon on apprend à les reconnaître assez vite) ; ce n’est pas le choix qui manque. Demandez-vous ce que vous recherchez exactement dans ce type d’expérience : l’interaction avec les natifs, l’apprentissage d’une langue et d’une culture, le contact avec la nature, les expériences physiques… Vous trouverez forcément quelque chose à votre goût.


Publié

dans

par

Commentaires

6 réponses à “Volontariat à l’étranger”

  1. Sophie47

    J’ai déjà entendu parler des polémiques sur le tourisme humanitaire. Je suis d’accord avec toi , Matthieu, c’est plus du tourisme que de l’humanitaire.
    On “joue” à l’enseignant, l’aide-soignant… quelques jours et on n’aide pas les communautés locales. Être enseignant ne s’improvise pas et la personne reste peu de temps : le pseudo-enseignant donne seulement quelques “cours” (donc du b.a-b.a, forcément puisque l’on commence toujours par le plus simple), il repart ensuite sans qu’une relation vraie se fasse entre lui et ses élèves (or c’est essentiel pour progresser, l’enseignant doit connaître ses élèves et il doit avoir un suivi dans le temps de ces derniers pour mettre en lumières les lacunes, difficultés…). Un autre touriste arrive, il donne lui-aussi quelques cours (du b.-a-b.a aussi, peut-être même d’ailleurs les mêmes “cours”, en tout cas aucune cohérence dans l’enchaînement des cours). Et ainsi de suite.
    Bref, ce tourisme humanitaire maintient plus les populations défavorisées dans la pauvreté qu’il ne les aide à s’en sortir.

    1. Matthieu Despeyroux

      Je n’aurais pas mieux dit 😉 Le plus incroyable dans tout ça est que le touriste se sentira tellement fier de lui… alors qu’il n’aura fait qu’enfoncer le clou.

      1. Sophie47

        Je pense que certains touristes se rendent compte qu’ils se sont fait avoir et donc ne refont plus du tourisme humanitaire. Le problème est que l’on ne parle pas assez de ce type de tourisme et de son impact néfaste pour les populations autochtones.

        1. Matthieu Despeyroux

          C’est sûr. Après, il y a tellement de choses à refaire dans l’industrie touristique qu’on ne sait pas par quoi commencer…

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *