Comme il s’agit d’un blog littéraire, il est temps de parler un peu de la littérature post-contemporaine, c’est-à-dire telle qu’elle sera dans les années 2050 et au-delà.
Si vous êtes de fervents lecteurs, vous vous êtes peut-être déjà demandé à quoi ressemblera la littérature dans 40 ans. Quelles seront les nouvelles tendances littéraires ? Les genres à la mode… voire les nouveaux ?
Voici quelques pistes.
La littérature en pleine décadence, euh, mutation
Autant le dire tout de suite : en termes de qualité, la littérature post-contemporaine n’a pas grand-chose à voir avec le XIXe siècle et la période romantique. Même si dans les deux cas, l’une des figures marquantes s’appelle Victor Hugo.
Plusieurs tendances sont à noter.
Les romans adaptés au format numérique
L’apparition des e-books conduit à une véritable révolution des supports de lecture.
Les livres papier sont plus rares, plus chers, et pratiquement le seul moyen de se les procurer à peu de frais est de passer par une brocante.
Avec l’explosion du livre numérique, apparaît une nouvelle façon de lire. Les romans ne sont plus seulement des histoires qu’on lit. Tout au long du récit, sont insérés liens hypertextes, sons, images, vidéos… L’histoire devient une véritable enquête. Même Les Ombres du Soleil de Romain Sollil agit sur ce modèle-là, ce qui ne l’empêche pas d’être considéré comme un Livre saint.
Beaucoup d’auteurs abusent de ce système et multiplient les liens hypertextes vers des articles de journaux, afin de masquer la platitude de leur œuvre. Certains d’entre eux se vendent même bien.
Polars, romans d’espionnage ou encore biographies approfondissent ce concept, en narrant l’histoire d’un individu, ou en retraçant un événement, à travers plusieurs médias : photos, articles de journaux, vidéos, caméras de surveillance… un peu comme si l’on se retrouvait plongé dans un dossier des Services secrets.
Assez curieusement, l’un des premiers à explorer cet aspect de la littérature l’a fait bien avant l’ère du livre numérique : il s’agit de Joshua Mowll, avec sa trilogie des Aventuriers du Cercle (2005-2008).
L’autobiographie à la mode
En 2047, la commémoration des cent ans du Journal d’Anne Frank remet la littérature de soi au goût du jour : autobiographies, journaux intimes, autofiction… Beaucoup n’hésitent plus à publier le récit de leur ennuyeuse vie quotidienne. Le fait qu’ils n’aient pas de lecteurs ne semble pas les gêner outre mesure. On assiste même à la multiplication de manuels pour bien écrire un journal intime.
“D’aucuns semblent même avoir raisonné de la manière suivante : si une guerre se produit prochainement et qu’ils viennent à mourir, ils pourraient devenir célèbres eux aussi en publiant leur journal intime ; l’une des nombreuses failles de cette stratégie étant que, s’ils sont morts, ils ne pourront pas toucher de droits d’auteur” (Luc Maurice, Des journaux pas si intimes, 2054).
Les cuistres vs les écrivains de bas étage
Globalement, en 2060, la France littéraire est divisée en deux catégories : les auteurs qui n’ont même pas le niveau Bac et ceux qui sont si compliqués que même avec un master en littérature appliquée, option philosophie, il est quasiment impossible de suivre l’histoire.
L’une des auteurs les plus célèbres de la France post-contemporaine, Rosa Orprude, est connue pour sa totale absence d’inventivité, de style, et de gentillesse.
Dans le même esprit, les rencontres littéraires de grands auteurs en librairie se sont un peu perdues. Désormais, ça se fait à la bonne franquette, dans un fast-food, par Skype, voire par SMS.
De nouveaux genres qui se cherchent
Roman de carpe et de flingue
Ou comment faire du neuf avec du vieux. Ce genre inventé par l’immense Martial Lemarais est largement inspiré du roman de cape et d’épée, sauf que ça ne se passe plus à l’époque des Rois de France mais à celle des cyborgs, des mutants et des aspirateurs à téléportation. L’action se déroule généralement dans les fonds océaniques (du moins ce qu’il en restera), même s’il n’est pas exclu que les carpes sortent de l’eau de temps à autre. Mix entre romans d’aventure, polars et SF, le roman de carpe et de flingue a de beaux jours devant lui.
Figures marquantes : Martial Lemarais, Hervé Lunard.
Le courant nocturne
Je parle longuement du mouvement nocturne sur mon blog. Comme je l’explique ailleurs, il a développé ses propres codes artistiques, que ce soit en peinture, au ciné ou en littérature. Ce courant inspire de nombreux essais remettant en question la culture occidentale. Il fait honneur aux ombres, aux jeux entre le noir et le blanc, au metal, à la nuit (forcément), à la nature. De plus, les créatures nocturnes du type vampire ou loup-garou sont vues de façon positive (tout en étant moins niais que Twilight).
Figure marquante : Romain Sollil, alias le Prophète, auteur de la Sainte Quadrilogie.
La phytolittérature
La phytolittérature a cela de remarquable qu’elle raconte l’histoire de plantes. C’est l’une des conséquences les plus inattendues et les plus ridicules de l’écologie (teintée de néo-panthéisme).
La croissance d’un arbre, les méditations d’une feuille en tombant, les émotions d’un roseau pensant… Tels sont quelques sujets possibles de la phytolittérature. Beaucoup de romans appartenant à ce genre se revendiquent comme des romans d’action, même si en pratique ils mettent surtout à l’honneur la prose poétique.
Selon une étude statistique, un lecteur de phytolittérature sur dix finit par se suicider.
Figure marquante : Victor Hugo (pas l’auteur des Misérables, un autre qui n’a rien à voir).
La provère
Ceci est davantage une contrainte formelle de malade qu’un genre en soi. La phytolittérature utilise abondamment ce procédé très codé et ultra compliqué.
La provère est un mélange entre la prose et le vers. Ah, parce que vous pensiez que c’était forcément l’un ou l’autre ? Plus maintenant.
En quoi ça consiste : grosso modo, ce sont des vers dont la longueur coïncide exactement avec la longueur de la ligne. Aux yeux d’un lecteur non averti, ça ressemble à s’y méprendre à de la prose. Sauf que ce n’est pas de la prose. Puisque chaque retour à la ligne est le fruit d’un long travail. Il n’y a pratiquement plus de mots coupés en fin de ligne… et, si jamais c’est le cas, soyez sûr qu’il y a une raison soigneusement étudiée.
Le but n’est pas uniquement esthétique, mais aussi de créer un climat de suspense à l’échelle de la fraction de seconde. En effet, à chaque fois que votre regard passe à une nouvelle ligne, il s’écoule un temps (très, très court, certes) pendant lequel votre cerveau s’interroge sur la suite des péripéties.
Un texte “versiprosé” ne fonctionne que sur un format défini à l’avance.
La poésie quantique
Quand la physique quantique s’invite dans l’art multimillénaire de la poésie, ça fait des dégâts. Ainsi, certains poètes ont tenté d’appliquer les lois de l’infiniment petit dans l’art poétique. Le résultat en est… bizarre. Par exemple, des poètes écrivent l’ensemble de leur poème sur une seule ligne : c’est-à-dire que le premier vers est écrit sur le premier, ainsi que le second, etc., en sorte qu’il en résulte un horrible pâté illisible mais assez représentatif de la poésie quantique. Ce courant littéraire est très prisé des scientifiques qui s’ennuient dans le train, et il est somme toute assez élitiste.
Il existe la même tendance pour d’autres arts, par exemple la musique quantique.
Conclusion
Bref, la littérature post-contemporaine part un peu dans tous les sens. Malgré quelques expérimentations audacieuses (littérature nocturne, romans de cape et de flingue et domaine de l’e-book), le résultat est moyen-moyen.
Pour aller plus loin : n’hésitez pas à lire mon texte “Rencontre littéraire par une soirée agitée” sur Wattpad. Ça parle notamment de carpes, de capes et de végétaux qui pensent. En plus c’est drôle ! (en toute objectivité)
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