Situé au milieu de la Mayenne, à près de 30 km de Laval, l’hôtel Condor Aimé est un hôtel pas tout à fait comme les autres : il est entièrement souterrain. Il se situe à l’emplacement d’anciennes mines de charbon, qui ont été reconverties en hôtel… pour Dieu sait quelle raison.
Hôtel souterrain et mauvais présages
En juin dernier, j’ai passé une nuit à l’hôtel Condor Aimé, afin de me documenter pour un roman.
Le concept était loufoque, et il m’a plu. Des mines de charbon reconverties en hôtel souterrain, il fallait y penser. J’avais également lu sur Internet qu’il abritait un musée. Ce musée, l’un des plus complets sur le travail des mines pendant l’ère industrielle, retrace l’histoire des mines de La Bazouge de Chemeré. Le puits Aimé (qui a donné son nom à l’hôtel) est l’un des plus anciens de cette exploitation minière.
Certes, les avis Booking n’étaient pas trop enthousiastes. Certains clients se plaignaient de claustrophobie, d’autres évoquaient des invasions de fourmis ou des inondations à plusieurs dizaines de mètres de profondeur – voire des phénomènes paranormaux. Tout ça m’a paru trop bizarre pour être sérieux, et j’ai passé outre.
J’ai probablement eu tort.
Un personnel pas au top
C’est le moins qu’on puisse dire. Le soir, j’ai été accueilli par une réceptionniste à peu près aussi enthousiaste qu’un croque-mort le jour de Pâques.
Et je ne vous parle pas des pancartes derrière la réception : « Merci de ne pas tirer sur les réceptionnistes. » De quoi ? Je ne sais pas si c’était de l’humour local. Allez savoir. Après tout, la réceptionniste m’a lu une blague à la fin du check-in – soi-disant une mesure décidée par la direction. J’ai quand même eu l’impression qu’elle se payait ma tête.
Un hôtel flippant
Ma chambre se situait au sixième sous-sol – à cent quatre-vingt mètres de profondeur ! J’ai vite compris pourquoi tout le monde semblait faire des crises de claustrophobie. Les couloirs étaient relativement larges et les chambres spacieuses (dans les trente mètres carrés), mais impossible de me défaire de l’idée que je me trouvais loin, loin sous la surface. J’avais peur à tout instant que le plafond ne s’effondre sur ma tête. Et je peux vous garantir que ça joue sur la qualité de votre sommeil…
Et puis il y a les pioches qui servent de déco sur le mur de la chambre, j’ai trouvé ça à la limite du glauque.
Sans parler du règlement intérieur, disponible sur la table de chevet, que j’ai eu le tort de feuilleter… Il contenait une quantité faramineuse d’articles plus hallucinants les uns que les autres. Ils expliquaient notamment dans quelles circonstances le personnel avait le droit de menacer la clientèle, ou les cas de figure où l’on pouvait utiliser la pioche décorative contre le reste de la clientèle – autrement dit, trouer d’autres personnes que vous.
J’ai cru être tombé sur un établissement de dingues.
Au moins, le musée était assez intéressant… Une documentation colossale répartie le long d’une ancienne galerie minière longue de quatre-vingt mètres ‒ je ne sais pas si vous vous rendez compte. Il y avait de quoi s’occuper pendant des heures. Mais, à vrai dire, je n’y suis pas resté très longtemps. C’est qu’il se trouvait à deux cent quarante mètres de profondeur, quand même… sans ajouter que l’humidité n’avait rien de rassurant.
Une clientèle inquiétante
Le sentiment de solitude était total.
Sans vouloir faire le rabat-joie, les autres clients ne me donnaient pas vraiment envie de sociabiliser avec. Entre le dépressif (on le serait à moins) que j’ai croisé dans l’ascenseur, le gothique qui appelait à tue-tête une certaine Annabelle au milieu du couloir, les bruits de cavalcades dans les escaliers… et je ne vous parle pas des jeunes qui gueulaient.
Et je ne parle pas des voisins de chambre qui donnaient littéralement des coups de pioche dans les murs. Heureusement qu’ils étaient épais…
Et personne ne semblait faire quoi que ce soit à ce sujet.
La question que je me posais sans cesse tandis que je me tournais et retournais dans mon lit : mais que diable faisait la réceptionniste ?
Bilan : à éviter !
Tant qu’à ne pas dormir, je suis parti de bonne heure. J’ai croisé ladite réceptionniste, qui m’a donné l’air d’être plus morte que vive, et les gendarmes. Je n’ai pas osé poser de questions.
En rejoignant ma voiture, j’ai eu une drôle de vision: une poupée sexuelle qui traînait dans le pré d’à côté, recouverte d’inscriptions sataniques.
Sérieusement, je pense être tombé sur l’hôtel le plus pourri de la Mayenne. Et, apparemment, je ne suis pas le seul à avoir eu du mal à dormir…
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