Carnet civique : comment attribuer des points aux citoyens

Le carnet civique à points est l’une des créations les plus détestées du régime Letigre. Officiellement, il vise à tenir la population en s’assurant que tout le monde fasse preuve de civilité. En pratique, il s’agit d’un moyen vicieux pour contrôler l’individu et lui soutirer toujours plus d’argent.

 

Origines

Si nul ne sait ce qui se tramait dans la tête de Letigre à l’origine, on considère que le carnet civique à points (CCP) procède de deux influences : le permis de conduire, et la Coupe des Quatre Maisons de Poudlard.

C’est certainement le sentiment d’incrédulité générale qui a permis à la loi sur le carnet civique de passer, en 2053. Lorsque la population s’est aperçue de la merde où elle se trouvait, il était trop tard. En 2054, la loi entrait déjà en vigueur ; le pire étant que le CCP avait une valeur rétroactive. Autrement dit, il était possible de retirer des points sur le carnet pour des actes commis dans les cinq années ayant précédé sa création.

Désormais, chaque citoyen français est tenu de présenter son carnet civique. Au fil des ans, cependant, le CCP tend de plus en plus à se confondre avec la carte d’identité.

 

Fonctionnement du CCP

Le carnet civique à points fonctionne avec cent points de base. À partir de 2054, il est attribué aux Français dès leur naissance.

Des points sont décomptés en cas de crime, délit ou contravention.

Perdre des points

Vous commencez très tôt à perdre vos points. Sous la Sixième “République”, l’absentéisme scolaire, le manque de respect vis-à-vis des enseignants et la triche sont déjà considérés comme des délits. En sorte que beaucoup de réfractaires à l’autorité arrivent à la fac avec guère plus de quatre-vingt-points.

Bien sûr, les enseignants ne sont pas habilités à quitter eux-mêmes ces points. Cependant, un grand nombre d’entre eux font du zèle ou bien voient le carnet civique comme un moyen de faire appliquer leur autorité, quand ils ne cherchent pas tout simplement préparer leurs élèves à la dureté du monde réel.

Les manifestations illégales sont également punies par le retrait de points sur le carnet, ainsi que les attitudes inciviques comme le harcèlement, le non-respect d’un supérieur hiérarchique (qu’il soit un prof ou votre chef de service), les renvois pour faute professionnel… et, plus généralement, toute faute commise à l’endroit du droit pénal.

Assez curieusement, vous perdez 2 points en cas de participation à une manif illégale, mais un seul si l’on vous accuse de corruption. Ceci en dit long sur le système judiciaire français.

Un projet de loi en faveur d’un retrait de points en cas de fautes d’orthographe sur un tract politique ou publicitaire a heureusement été abandonné.

Regagner vos points

Vous pouvez regagner vos points perdus dans quelques conditions précises :

  • au bout d’un an sans avoir commis la moindre faute, vous regagnez 1 point et vous recevez un code promo valable deux mois pour racheter jusqu’à 10 points. Si vous êtes en prison et que votre conduite est jugée exemplaire, vous pouvez même gagner 2 points gratuitement ;

  • le civisme est récompensé : ceci comprend le service civique ou militaire, les actes héroïques ou les dons à des associations (par contre vous ne recevez plus de déduction fiscale) ;

  • votre patron peut aussi demander qu’on vous rajoute des points pour comportement exemplaire, à raison d’un maximum de 2 points par an. L’hypocrisie et la hiérarchie paternaliste sont ainsi encouragées ;

  • vous pouvez payer pour regagner quelques points : soit une somme de 300€ par point, ou seulement 200€ si vous possédez un code promo ;

  • certains hackers prétendent avoir piraté le système pour retrouver tous leurs points.

Qui peut enlever ou ajouter des points ?

Une catégorie spécifique de magistrats a été créée rien que pour enlever et ajouter des points : les juges de civilité. Sans doute une excuse pour caser un surplus de doctorants en droit.

Dans la plupart des cas, vous devez remplir un dossier pour demander à ce qu’on enlève des points à quelqu’un ou à en regagner vous-mêmes, avec les justificatifs nécessaires. Certains “juges de civilité” sont beaucoup moins regardants pour enlever des points que pour en ajouter : on dit qu’ils touchent une prime dans ces cas-là, mais rien n’a jamais été prouvé.

 

Sociologie du CCP

Malheureusement, le carnet civique s’accompagne de discriminations flagrantes.

Inutile de dire que si vous descendez à zéro point et que vous n’avez pas assez d’argent pour en racheter, la case prison est à peu près incontournable.

Cependant, on considère que les ennuis commencent à partir de 80 points. En dessous de ce seuil, les employeurs sont plus récalcitrants à vous employer. Si, en plus, vous êtes Nocturne et d’origine étrangère, vous n’êtes pas prêts de trouver un job.

Avec moins de 60 points, vous n’avez pratiquement aucune chance dans l’enseignement, à part peut-être à l’université.

En dessous de 50 points, les postes dans l’administration française ou dans le domaine de la sécurité (qu’elle soit physique ou informatique) vous sont automatiquement refusés.

Ce n’est pas pour rien que beaucoup de personnes s’endettent afin de racheter leurs points : à raison de 300€ le point, ça peut vous coûter très cher… Toutefois, comme par hasard, les populations aisées stagnent généralement autour de 90 points (s’il vous reste 100 % de vos points, ça fait louche).

Les autorités assurent que la mise en place du carnet civique a une forte valeur de dissuasion : les délinquants potentiels auraient peur de perdre des points. Dans les faits, étant donné que des peines comme les amendes ou la prison existaient déjà, le carnet à points ne fait qu’enfoncer dans l’eau la tête des contrevenants. Pire, il est d’autant plus difficile de prendre un nouveau départ que l’on vous catégorise en fonction de votre nombre de points (que n’importe quel agent administratif est en mesure de connaître).

 

Conclusion

L’impopularité extrême de cette mesure laisse supposer qu’elle finira par disparaître avec le retour de la démocratie en France… Toutefois, elle constitue une source de revenus si phénoménale que rien n’est certain, hélas.

L’une des revendications de la Poudrière, en 2059, sera la suppression de ce carnet civique.


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